Elizabeth Flautero Alarcon
Designer de mode et passionnée d’artisanat, Elizabeth Flautero Alarcon explore les liens entre nature, culture et textile. Arrivée à Montréal en 2022, elle a troqué une carrière en marketing pour une vie consacrée à la création.
Originaire de la Colombie, Elizabeth a travaillé plus de 10 ans dans le domaine du marketing et de la gestion d’entreprise, notamment dans le secteur des assurances. Mais en planifiant son arrivée au Québec avec sa famille, elle a choisi de tout recommencer. « Je voulais apprendre autre chose, quelque chose de plus créatif. La mode, c’était un loisir en Colombie, mais ici, c’est devenu un projet de vie. »
Elle entreprend des études en design de mode au Collège LaSalle, tout en travaillant dans une boutique montréalaise spécialisée en matières naturelles et en vêtements durables . Forte de son bagage en marketing, elle aborde la mode avec une vision entrepreneuriale. « Je pense à la clientèle, à la commercialisation, à la valeur du produit et à l’intégration des stratégies marketing avec une vision utile et pratique de la mode. »
Une pratique nourrie par la nature et la mémoire
La nature est une source d’inspiration constante pour Elizabeth. Elle puise dans les paysages colombiens – montagnes, forêts, déserts – et dans les traditions artisanales de son pays. « J’aime marcher dans les parcs, dessiner parmi les arbres. Ça me calme et ça m’inspire. » Son projet Commande, présenté au défilé Signature 2025 du Collège LaSalle, en est un bel exemple.
Intitulée Dévolution, sa collection explore la domestication humaine à travers des références aux peintures rupestres du parc national Chiribiquete, en Colombie. Elle y intègre des motifs animaliers, comme le jaguar, et des techniques mixtes : broderie à la main et numérique, teinture naturelle à base d’oignon et d’avocat, sculpture en bois réalisée à la fraiseuse numérique CNC. « C’était un projet très exigeant, quatre mois de travail, des défis techniques, mais aussi beaucoup de découvertes. »
Le Square, un espace d’expérimentation
C’est par un cours d’anglais qu’Elizabeth découvre le Square. Curieuse, elle explore les machines : brodeuse numérique, fraiseuse numérique CNC, appareil de découpe de vinyle, imprimantes 3D. « Le Square m’a permis de tester, d’expérimenter, de me tromper et d’apprendre. C’est un espace précieux, surtout quand on débute et qu’on n’a pas les moyens d’acheter ses propres machines. »
Elle y crée des pièces uniques, alliant artisanat et technologie. Ce qu’on peut comprendre de son processus est que la machine ne fait pas tout. Il faut une main humaine, une intention. C’est cette combinaison qui donne de la valeur à l’objet que l’on crée.
Une marque en devenir
Sa marque, Niu Eli, est encore en développement, mais déjà porteuse de sens. Elle incarne l’expérimentation, la nouveauté, l’unicité. Elizabeth privilégie les matières naturelles, les techniques artisanales et le surcyclage. Elle a par exemple transformé des pantalons rétro en blouson d’aviateur ou encore utilisé des chutes de tissu pour créer des pièces hautes en couleur. « J’aime déconstruire et reconstruire », nous dit-elle.
Vous pouvez la suivre @niu.eli sur sa page Instagram.
Elle travaille aussi à la réparation de vêtements par la broderie, donnant une seconde vie aux pièces abîmées. C’est une façon, selon elle, de valoriser les vêtements, de prolonger leur existence et de lutter contre la surconsommation.
Vers une mode locale et durable
Pour Elizabeth, Montréal a le potentiel de devenir une ville de mode durable. Elle insiste sur le fait d’encourager la création locale, l’utilisation de matériaux naturels et la mise en place d’événements artistiques. Selon la designer, le Fab Lab peut jouer un rôle essentiel dans cette dynamique.
Elle rêve de voir émerger des collectifs de designers, des ateliers partagés, des projets collaboratifs. « Le Square est un terrain de jeu créatif. Il faut le faire connaître davantage, le rendre visible. C’est une ressource incroyable pour les artistes, les jeunes, les curieux. »