Ressources humaines
Le rôle de l’équipe responsable du laboratoire est primordial. Il est important de rappeler qu’un laboratoire de création ne vise pas uniquement à donner accès à des appareils de haute technologie : il a aussi (et surtout) pour fonction d’encadrer et d’accompagner les usagers. C’est donc l’enthousiasme, la créativité et la curiosité des membres de l’équipe en place qui lui permettront de réaliser sa mission.
Comme mentionné précédemment, le ratio idéal en laboratoire est d’environ 1 employé pour 12 usagers. La taille de l’équipe doit donc être ajustée en fonction du taux d’occupation et du taux d’utilisation des équipements. On doit également prendre en considération le temps requis pour les tâches administratives, la conception des activités, etc.
Mais il faut encore déterminer le profil qui sera pertinent chez les employés de votre laboratoire. La réponse à cette question n’est évidemment pas la même pour toutes les institutions et tous les genres d’initiatives. L’envergure du laboratoire, le type de projets qui s’y feront, l’intégration à des réseaux existants auront un impact considérable sur la nature des profils recherchés.
À titre d’exemple, un lieu axé sur la thérapie par l’art n’aura pas les mêmes besoins en ressources humaines qu’un atelier de fabrication collaboratif (de type Fab Lab). Par contre, l’ampleur des activités et des populations desservies aura toujours un impact critique sur la quantité d’employés nécessaire, quel que soit le type de laboratoire. Bref, il faut bien comprendre la nature de la mission de votre laboratoire de création pour identifier avec justesse le genre d’équipe qui pourra la porter.
Laboratoire de création : paradis des spécialistes ou lieu d’apprentissage par la technologie?
Avant d’aller plus loin, une mise en garde s’impose. Si plusieurs sont portés à associer la présence d’équipements de haute technologie avec celle d'experts techno, il faut rappeler que cet amalgame correspond peu à la réalité. En effet, la mission d’un laboratoire de création – qu’il soit axé sur des fonctions de type médialab ou de type Fab Lab – dépasse largement la simple présence de spécialistes du domaine.
Par exemple, l’atelier de fabrication collaboratif (de type Fab Lab), dans sa forme la plus achevée, vise à :
Transformer la relation entre l’individu et les moyens de production industrielle pour la faire passer de l’échelle internationale au niveau local;
Initier le citoyen à la fabrication d’objets qui répondent à des problèmes de la vie quotidienne et lui fournir les outils nécessaires;
Faire passer l’usager d’une position de consommateur de technologie vers une position de développeur.
L’esprit des ateliers de fabrication va donc au-delà de l’initiation à l’impression 3D ou aux machines-outils. Évidemment, il existe de nombreuses déclinaisons possibles de l’atelier de fabrication, du plus simple au plus complexe. Plus la mission comporte un degré élevé de complexité, plus on souhaitera inscrire le laboratoire dans le cadre précis du Fab Lab (la marque Fab Lab implique le respect d’une charte particulière), et plus il sera impératif que l’institution se dote de ressources humaines ayant un niveau de qualification élevé.
Un véritable Fab Lab, qui respecte précisément la charte Fab Lab, doit nécessairement regrouper des employés hautement qualifiés dans les processus de prototypage ou de création dans les domaines du design, de l’architecture, de l’ingénierie, de la fabrication, de la programmation, de l’électronique, etc., afin de maîtriser les processus de fabrication industrielle, les matériaux utilisés et les méthodes de médiation en innovation propres au réseau.
Bien sûr, le modèle Fab Lab n’est pas le seul qui soit envisageable. Dans plusieurs cas, la mise en place d’une série d’activités de type maker est suffisante pour combler les besoins de l’institution, et elle a l’avantage de permettre une intégration plus simple, en particulier dans un contexte où les ressources ne correspondent pas au niveau de spécialisation recherché dans un laboratoire de type Fab Lab.
Il demeure cependant qu’un laboratoire de création doit faire preuve d’agilité et ouvrir ses portes à des spécialistes de différents domaines.
Les qualités à prioriser
On doit rechercher certaines caractéristiques particulières chez les employés à embaucher ou à assigner au laboratoire :
La polyvalence, car il faut guider les usagers dans une multitude de tâches différentes;
La facilité d’apprentissage, car l’employé devra continuellement apprendre le fonctionnement de nouveaux outils, machines et logiciels;
La pédagogie, pour assurer le transfert de connaissances aux usagers, que ce soit sous la forme d’ateliers de groupe ou en accompagnement individuel;
La curiosité, car le laboratoire de création exige que les employés restent à l’affût des nouvelles technologies dont le lieu pourrait bénéficier, ou des nouveaux usages qui pourraient être implantés avec les outils déjà en place;
La créativité, car il faut tester, explorer et mettre en valeur des pratiques de création variées;
L’aisance technologique, puisqu’il faut évidemment avoir des compétences de base solides dans l’usage des nouvelles technologies;
La patience, car travailler avec les technologies exige souvent de déboguer des logiciels ou des machines, de faire preuve de rigueur et de minutie, et de prendre le temps nécessaire pour chercher une information, trouver une solution ou identifier la source d’un problème. La patience est aussi de mise dans le transfert des connaissances : il est plus facile d’influencer les usagers par un rythme de création progressif qui permet l’intégration organique des apprentissages, que de forcer une formation accélérée. En effet, les nouvelles technologies exploitées dans les ateliers de fabrication et les processus de prototypage ne fonctionnent pas par eux-mêmes; ils nécessitent donc de la part des employés et des usagers un apprentissage important et modulé dans le temps.
La recherche de candidats qui répondent à ces critères demande parfois de sortir des pratiques d’embauche habituelles de la bibliothèque. Dans le contexte d’un laboratoire de création, l’aisance avec les technologies peut parfois s’avérer plus précieuse qu’un diplôme reconnu. La diversité des équipes est souvent un gage de qualité et d’enrichissement pour l’ensemble du personnel attitré au laboratoire.
L’accompagnement des usagers peut lui aussi différer de ce qu’on voit normalement dans les bibliothèques. Les usagers des laboratoires de création peuvent demeurer sur place plusieurs heures et travailler sur le même projet pendant de multiples visites, ou ils peuvent au contraire entreprendre plusieurs courts projets différents en même temps. Le personnel doit donc être en mesure de fournir un accompagnement dans des projets de longue haleine comme dans l’expérimentation plus superficielle de différentes technologies ou techniques nécessaires à la production d’un objet ou d’un projet de bonne qualité, répondant à une problématique ou à une vision précise.
Idéalement, l’équipe doit être polyvalente et combiner des habiletés propres à différents champs : bibliothéconomie et sciences de l’information, médiation, animation, arts médiatiques, design, architecture et ingénierie, etc.
Enfin, dans les laboratoires consacrés à un public en particulier, on peut prioriser certains critères d’embauche pour s’assurer que le personnel puisse bien répondre aux besoins des usagers (une clientèle adolescente diffère d’une clientèle adulte, par exemple).
Une entrevue de sélection porteuse
Lors du processus d’embauche, il ne faut pas hésiter à demander aux candidats de présenter un portfolio : celui-ci permettra d’évaluer leurs compétences artistiques et leurs aptitudes créatrices, mais également leur capacité à passer d’une idée abstraite à un objet ou à une réalisation concrète.
II est aussi très important de tester leurs capacités de médiation par des simulations et des exercices d’animation.
Le rôle du bibliothécaire
Il est peu probable qu’un bibliothécaire ou tout autre employé possède à la fois le parcours universitaire et toutes les habiletés nécessaires en design, en architecture et dans les autres domaines liés à la création et à la fabrication. Il est donc naturel de placer le bibliothécaire au cœur d’une équipe qui, idéalement, sera multidisciplinaire. Mais quel rôle y jouera le professionnel de l’information?
La présence de plus en plus forte de laboratoires de création dans les bibliothèques montre bien les atomes crochus qui existent naturellement entre ces deux lieux d’apprentissage. Il n’est donc pas surprenant qu’un nombre croissant de bibliothécaires s’illustrent dans ces initiatives, et qu’on assiste donc à l’émergence d’une toute nouvelle génération de bibliothécaires techno ou de créateurs ayant différentes spécialisations et provenant d’horizons divers.
Au-delà de cette présence croissante de professionnels alliant les sciences de l’information et la création médiatique, et au-delà de la possibilité de développer des aptitudes en création et en fabrication d’objets (ce que peut faire tout individu amené à travailler dans un laboratoire de création), la place du bibliothécaire s’ancre plus particulièrement dans les domaines suivants :
Animation / médiation / éducation
Depuis très longtemps déjà, les bibliothèques développent et animent des activités liées à la littératie sous toutes ses formes : numérique, médiatique, technologique, etc. Ce rôle d’initiateur et de facilitateur a permis de consolider une vision puissante quant à la vulgarisation, à la conception d’activités, mais aussi à l’accompagnement des usagers dans un contexte d’appropriation des connaissances. Le bibliothécaire joue donc un rôle d’agent de liaison et de proximité avec l’usager, qui s’inscrit parfaitement dans le contexte d’un laboratoire de création.
La transmission des connaissances est au cœur de la mission des bibliothèques; les institutions non seulement partagent ces connaissances, mais en assurent le développement et l’appropriation par les usagers, une fonction qui s’applique particulièrement bien à la notion d’accompagnement et de formation inhérente aux laboratoires de création.
Comme le souligne pertinemment David R. Lankes dans Exigeons de meilleures bibliothèques – Plaidoyer pour une bibliothéconomie nouvelle, « si […] on considère que la connaissance est en mouvance, créée par des personnes et des communautés, la fonction de la bibliothèque change radicalement : elle devient alors un espace d’apprentissage actif[1] ».
« Si je veux étendre mes connaissances, la bibliothèque doit m’assister dans l’accomplissement de cet objectif. Dans certains cas, évidemment, il me suffit de lire sur ce qui m’intéresse, mais dans bien d’autres situations, il n’est possible d’apprendre qu’en essayant, en s’exerçant et en explorant[2]. » Le nerf de la guerre pour les bibliothécaires et, plus largement, les bibliothèques s’incarne donc dans une volonté de se positionner comme facilitateur de premier plan.
Lankes conclut en insistant sur le fait que « les bibliothèques doivent prendre part aux activités d’apprentissage des membres de leur communauté pour leur permettre d’accéder à des conversations et à des activités d’apprentissage plus poussées[3] ».
Administration
Les pratiques de gestion et d’administration propres aux bibliothèques se sont développées grâce à l’apport actif des bibliothécaires, qui ont su juxtaposer mission, impact, gestion et gouvernance publique. L’ajout d’une dimension de haute technologie à l’écosystème des procédures administratives est un défi certain. Des professionnels spécialisés ayant l’agilité de manœuvrer cet écosystème administratif constituent une grande force dans le cadre du développement d’un laboratoire de création.
Inclusion
La notion d’inclusion fait partie intégrante de la mission des bibliothèques, et les bibliothécaires ont su développer des approches concrètes afin d’offrir des services adaptés à différents types de clientèle, spécialisée ou non. Les férus de technologie, créateurs et designers à la tête des processus de prototypage pourront certainement bénéficier de ces approches afin de codévelopper, avec les bibliothécaires (qui sont parfois eux-mêmes des férus de technologie), des activités qui répondront parfaitement aux besoins spécifiques de ces différentes clientèles.
Documentation
Il ne faut pas oublier l’une des grandes forces de la profession : la faculté de documenter ou de rechercher l’information. Le monde des makers est parfois bien pauvre en matière de documentation, et l’intégration de laboratoires de création en bibliothèque amènera sans doute l’émergence d’une documentation plus étoffée des pratiques, usages et techniques, laquelle pourra alimenter le développement de nouveaux laboratoires, que ce soit en bibliothèque ou dans d’autres institutions culturelles.
Afin de participer à cet écosystème complexe de création, il faut évidemment être en mesure de décrire les processus, les projets, les pratiques issus de sa propre institution, mais également de rechercher l’information générée à l’extérieur. C’est un principe séculaire au cœur de la profession : il ne suffit pas qu’une chose existe, encore faut-il être en mesure de la retrouver!
Bref, le bibliothécaire occupe une place incontournable dans ces nouveaux laboratoires, où il peut briller à titre de médiateur, d’accompagnateur, d’administrateur ou de détenteur des habiletés traditionnelles au regard de la documentation des savoirs ou de la référence. Il ne peut évidemment pas agir seul, mais s’inscrira au sein d’une équipe multidisciplinaire.
L’équipe multidisciplinaire
Selon l’ampleur et la complexité des activités prévues, des technologies utilisées et des publics visés, la présence d’une équipe multidisciplinaire peut être pertinente ou même essentielle. Si le bibliothécaire est le spécialiste de la médiation, de l’administration, de l’inclusion et de la documentation, qu’en est-il des autres employés?
Ce sont d’abord des spécialistes en fabrication et en nouvelles technologies qu’il est nécessaire de recruter. En effet, au-delà de la capacité à vulgariser la façon d’utiliser une machine-outil, le personnel doit posséder une métacompétence : celle de pouvoir manœuvrer un écosystème complet d’équipements intimement reliés, afin de permettre à l’usager de fabriquer presque n’importe quoi, et de bien le faire. C’est qu’il est très facile de presque fabriquer n’importe quoi, mais qu’il est beaucoup plus difficile de fabriquer presque n’importe quoi.
La compétence clé des employés touche l’accompagnement des usagers dans leurs propres processus de prototypage. Plusieurs années de pratique et d’expérimentation et plusieurs prototypes ratés amènent souvent le développement de cette compétence recherchée. Comme la compréhension des processus de création est une faculté reliée à plusieurs domaines scolaires, il est difficile d’en viser un en particulier. De plus, il est possible qu’un candidat ait développé des habiletés dans le cadre de ses loisirs; c’est d’ailleurs le cas de plusieurs bibliothécaires.
Mais attention : si l’apprentissage de façon autodidacte peut sembler séduisant, il présente des limites certaines et n’est pas une panacée. En effet, le véritable processus de prototypage est relativement plus complexe qu’un bidouillage ludique. Il demeure donc important, dans l’affichage, de viser certains domaines scolaires qui sont naturellement porteurs des compétences désirées.
La rencontre recherchée entre savoirs théoriques et habiletés de médiation montre bien l’importance de réaliser une entrevue détaillée, où l’accent sera mis sur la découverte du portfolio et la réalisation d’un exercice de médiation. Bien cerner la personnalité du candidat sera aussi important afin de s’assurer qu’il s’inscrive bien dans la philosophie et les valeurs de la bibliothèque.
Selon la nature du laboratoire, certaines compétences en électronique et en programmation seront également nécessaires à une bonne complémentarité des ressources humaines et des compétences disponibles sur place. De nombreux défis pourraient surgir dans un contexte de technologie avancée si les employés présents ne sont pas en mesure d’aider un usager à résoudre les problèmes qu’il rencontre dans le domaine de la production et de la programmation électronique.
Suivant la nature du laboratoire, l’équipe devrait idéalement regrouper des profils dans les domaines suivants :
Bibliothéconomie;
Design / fabrication;
Électronique;
Programmation;
Multimédia.
Certaines compétences peuvent se retrouver chez une même personne, mais pas toujours. Les champs de compétence proposés répondent cependant à la diversité des questions et des besoins des usagers d’un laboratoire de fabrication.
Caractéristiques des différents types d’emplois
On retrouve une multiplicité de tâches dans les laboratoires de création, et l’émergence de ce nouveau secteur en bibliothèque peut créer une certaine confusion quant à leur répartition entre les différents corps d’emplois. Le tableau suivant propose quelques pistes par rapport aux types de tâches fréquentes en laboratoire de création.
Tableau 1. Les tâches en laboratoire de création | ||
Médiateur en numérique
(professionnel) |
Technicien en nouvelles technologies
(personnel de soutien) |
Commis
(personnel de soutien) |
---|---|---|
Développement stratégique | ||
Développer et prendre en charge des projets spéciaux. | ||
Participer à l’élaboration du plan d’action annuel. | ||
Analyser les statistiques et émettre des recommandations et des rapports pour le coordonnateur. | ||
Participer activement au développement et de l’offre technologique. | ||
Ressources humaines | ||
Superviser l’équipe. | ||
Offrir de la formation aux employés. | ||
Participer à la définition des besoins en formation de l’équipe. | ||
Participer à l’embauche des nouveaux employés. | ||
Réseaux et partenariats | ||
Organiser des activités avec des collaborateurs externes dans le milieu de l’éducation. | ||
Développer des partenariats et être un point de contact pour les partenaires en éducation. | ||
Activités de médiation de groupe | ||
Approuver les procédures. | Offrir un soutien technique et logistique à la mise en place des activités. | |
Concevoir des activités de médiation et offrir un appui dans leur développement. | Concevoir des activités de médiation. | |
Offrir un appui et de la formation pour l’animation des activités de groupe selon une approche méthodologique précise, et s’assurer de la qualité et de la réussite des activités. | Animer les activités de groupe selon une approche méthodologique précise. | |
S’assurer de la qualité des activités de médiation offertes et faire des recommandations au coordonnateur. | ||
Assurer une veille quant aux occasions à saisir et les communiquer. | ||
Activités de médiation individuelles et vie de laboratoire | ||
S’assurer de la qualité de l’accueil et de l’accompagnement. | Assurer l’animation du lieu et faire le premier contact avec les usagers. | |
Appuyer le développement de l’approche globale d'accompagnement. | Fournir un accompagnement personnalisé. | |
Veiller à la mise en place et au maintien d’une culture forte en matière de santé et sécurité au travail, et participer au développement des procédures. | Veiller à ce que les équipements soient utilisés avec respect et participer au développement des procédures sur ce plan. | |
Connaître les usagers et leurs projets. | Connaître les usagers et leurs projets. | |
Entretien des équipements | ||
Proposer des procédures d’entretien et en assurer le respect. | Effectuer la gestion quotidienne. | |
Veiller au bon maintien du parc technologique. | Effectuer les diagnostics liés aux bris d’équipements. | |
Faire la gestion de l’inventaire. | ||
Assurer les travaux de RD et la veille technologique. | ||
Travaux de RD et veille technologique | ||
Développer et consolider les approches d’apprentissage et de médiation. | Développer des projets inspirants qui serviront de démos et d'embryons d'activités. | |
Rester à l’affût des pratiques émergentes et des techniques de fabrication. | Rester à l’affût des pratiques émergentes et des techniques de fabrication. | |
Être à l’écoute de l’équipe et appuyer le développement de ses connaissances. | ||
Tâches transactionnelles | ||
Changer les jeux des consoles. | Changer les jeux des consoles. | |
Effectuer les prêts d’équipement. | Effectuer les prêts d’équipement. | |
Ouvrir ou fermer le laboratoire. | Ouvrir ou fermer le laboratoire. | |
Recueillir des données statistiques. | Recueillir des données statistiques. | |
Orienter les usagers de façon générale. |
Formation
Les employés du laboratoire ne maîtriseront certainement pas toutes les technologies dès leur arrivée. Il est essentiel de les former au fonctionnement de l’ensemble des outils, machines et logiciels à la disposition des usagers, afin qu’ils puissent accompagner ceux-ci dans la réalisation de leurs projets; mais ce processus ne se réalise pas nécessairement par une démarche d’apprentissage traditionnelle. En effet, le partage et l’enseignement entre membres de l’équipe jouent bien souvent un rôle fondamental dans le développement d’une expertise commune.
Par ailleurs, il serait faux de penser que tous atteindront le même niveau d’habileté : il y aura bien souvent un spécialiste dans tout secteur particulier. Il est cependant essentiel que tous les membres de l’équipe partagent les mêmes connaissances de base au regard des équipements ou des techniques. Les questions des usagers ou des employés permettront d’alimenter et de développer la force en place.
Après les formations initiales, le mode du bêta perpétuel sera à privilégier. Celui-ci implique un apprentissage constant de l’usage des nouvelles technologies intégrées à l’offre de services. Il n’existe pas encore, pour les laboratoires de création, de formateurs professionnels suivant le schéma habituel des formations offertes aux bibliothèques (suite Office, gestion, etc.). Cependant, on peut miser sur différentes ressources et façons de faire pour faciliter la formation initiale :
Les outils en ligne (vidéos, baladodiffusions, webinaires);
Les spécialistes, qui peuvent provenir de l’externe (par exemple, un professionnel du cinéma pourrait venir enseigner l’usage du studio de tournage et des différents logiciels de montage);
Les employés eux-mêmes, qui partageront leurs connaissances particulières avec les autres membres de l’équipe;
Le réseau des laboratoires de création, qui offre souvent des formations spécialisées;
Les bibliothèques dotées d’un laboratoire, qui vont sans doute offrir de plus en plus de formations ou d’initiations sur les équipements en place;
La bonne vieille méthode essai-erreur, qui permet de se familiariser avec de nouveaux outils.
On pourrait penser que les fournisseurs sont à même d’offrir une formation complète sur les outils ou les équipements acquis, mais ce n’est malheureusement pas toujours le cas. Il faut donc évaluer cette option avec grande prudence. Plus souvent qu’autrement, la formation se révèle rudimentaire, et il sera nécessaire de rechercher ailleurs une source réelle d’information.
Il est par ailleurs fort utile de documenter ses apprentissages et de rédiger des procédures détaillées afin de faciliter la formation de futurs employés, ou même de partager ces informations avec d’autres laboratoires et bibliothèques.
Initier des membres du personnel général de la bibliothèque à l’usage des principales technologies du laboratoire peut également s’avérer utile. Les employés seront alors mieux au fait des activités qui s’y déroulent ainsi que de la mission du laboratoire. Cela renforcera le sentiment d’appartenance de tous et pourra même faciliter les éventuels remplacements ou mouvements de personnel. Il est important de démystifier les activités du laboratoire, car certains ne voient peut-être pas immédiatement leur pertinence en bibliothèque ou peuvent être intimidés par cette nouvelle offre de services. Cette initiation permet également d’identifier les membres du personnel qui pourraient être intéressés par une assignation permanente ou temporaire au laboratoire.
Enfin, il est important de laisser suffisamment de temps au personnel pour qu’il puisse se familiariser avec l’équipement avant l’ouverture du laboratoire. Plusieurs mois peuvent être nécessaires. Durant cette période, des journées « test », où le laboratoire accueille un nombre restreint d’usagers (ou d’employés de la bibliothèque), pourront permettre d’évaluer la pertinence de fournir différentes formations aux employés, en fonction des demandes du public et de la capacité à y répondre.
Notes
David R. Lankes, Exigeons de meilleures bibliothèques – Plaidoyer pour une bibliothéconomie nouvelle, Montréal, Sens public, 2018, p. 90.
Ibid., p. 91.
Ibid., p. 99.