Croissance et fréquentation
Dès 2014, les rapports annuels du New Media Consortium (NMC) Horizon identifient clairement les laboratoires de création comme l'une des tendances clés à moyen terme (2-3 ans) permettant de faciliter l’appropriation et l’adoption des nouvelles technologies dans le contexte de l'enseignement supérieur[1].
De nombreuses bibliothèques ont donc réaménagé certains de leurs espaces pour faire place à ces nouveaux modes d’apprentissage et d’appropriation. Le livre n’est pas le seul et unique moyen d’acquérir des connaissances : l’apprentissage pratique et l’expérimentation s’y ajoute et constituent bien souvent les stratégies les plus porteuses pour favoriser une intégration de connaissances nouvelles. À la Chattanooga Public Library, près d'un tiers de la collection imprimée a ainsi été élagué pour transformer un étage entier en laboratoire de création. Dans le même ordre d’idée, la bibliothèque de l'Université du Nevada a libéré 1 700 mètres carrés afin d’y aménager un laboratoire de création[2].
Ces laboratoires en bibliothèques ont donné lieu à de nombreuses innovations et prototypages qui ont permis à plusieurs entreprises en démarrage de voler de leurs propres ailes :
“At the Harold Washington Library in Chicago, patrons have developed prototypes for satellite trackers, dental hygiene instruments and guitar parts. Two graduate students used the Fayetteville library to produce a novel model of the brainstem, which they then licensed to a medical equipment manufacturing firm. A Nevada patron is currently negotiating the sale of an original board game with 3D-printed pieces. Others use the space to enhance existing small businesses. For example, a cheesemaker used a Chattanooga 3D-printer to make a logo to stamp onto his wheels of [3].”
En 2009, la Chicago Public Library a mis en place un médialab de 510 m2, portant le nom de YOUmedia, uniquement dédié à la clientèle adolescente. Au départ, ce laboratoire financé par l’Institute of Museum and Library Services, était un projet pilote qui ne devait s’étaler que sur une période test de six mois. Le succès fut cependant instantané, tant aux regards des commentaires des usagers que de la fréquentation qui franchit le cap des 30 000 visiteurs pendant la période test. L’intérêt ainsi confirmé généra même des commandites de grandes entreprises technologiques qui ont permis d’en assurer la pérennité[4] .
Dans le même ordre idée, la Chicago Public Library a inauguré en juillet 2013 son propre makerspace, de 180 mètres carrés, au Harold Washington Library Center. Malgré le fait que l’espace dédié au ce makerspace est restreint, il a accueilli près de 200 850 visites entre son inauguration et décembre 2016[5] .
La présence de laboratoires de création en bibliothèque est en accélération constante. L’offre technologique sous-jacente à ces espaces de création s’arrime en effet parfaitement à la recherche d’un environnement d’apprentissage stimulant et diversifié en bibliothèque permettant notamment de briser la fracture numérique au regard des clientèles qui n’ont pas aisément accès à de telles ressources, soit parce qu’ils n’en ont pas les moyens ou soit parce que l’accès à ces dernières se limite aux institutions d’enseignement.
C’est ainsi que les bibliothèques publiques modernes ne cessent de se distancer de la vision dépassée d’une institution perçue comme avant tout vouée à l’entreposage des connaissances pour plutôt s’orienter vers celle d’un lieu d'apprentissage actif : un lieu où l'information est comprise et appliquée et non seulement recueillie[6].
Notes
F. Wang, W. Wang, S. Wilson & N. Ahmed, « The state of library makerspaces », International Journal of Librarianship, 1(1), 2-16, 2016, https://doi.org/10.23974/ijol.2016.vol1.1.12 (consulté le 12 septembre 2019).
A. Rutkin, « Books out, 3D printers in for reinvented US libraries », New Scientist, 17 juillet 2014, https://www.newscientist.com/article/mg22329784-000-books-out-3d-printers-in-for-reinvented-us-libraries/#.U-0hlkgRb_s (consulté le 12 septembre 2019).
Ibid.
F. Wang, W. Wang, S. Wilson & N. Ahmed, Op. cit.
Chicago Public Library, « 2016 partnership report », 2017, https://d4804za1f1gw.cloudfront.net/wp-content/uploads/sites/3/2018/06/28083006/cpl-cplf-annual-report-2016.pdf https://d4804za1f1gw.cloudfront.net/wp-content/uploads/sites/3/2018/06/28083006/cpl-cplf-annual-report-2016.pdf] (consulté le 12 septembre 2019).
A. Rutkin, Op. cit