Wiki sur les laboratoires de création en bibliothèque
Qu’est-ce qu’un laboratoire de création?
Photo : Mikaël Theimer
Le laboratoire de création respecte des principes intimement liés à l’évolution du mouvement maker : développement de l’autonomie, collaboration et partage des savoirs, expérimentation et innovation, etc.
Chaque espace en vient à développer sa propre personnalité, mais on remarque certains regroupements dans les types de savoirs priorisés et les équipements privilégiés. Il n’existe pas une recette unique qu’on pourrait reproduire ad infinitum; le laboratoire de création est plutôt le résultat de choix éclairés qui s’incarnent souvent dans une forme adaptée aux désirs et aux besoins de la population desservie.
C’est la réponse apportée à cette volonté de rencontrer les besoins des usagers qui constitue la pierre angulaire du processus de conception et d’implantation. C’est elle qui aura l’impact le plus important sur les espaces, les équipements requis et les ressources financières qui devront être affectées. Un espace modeste conçu sur mesure pour les usagers remplira sa mission avec plus de succès qu’un autre de plus grande ampleur qui serait rempli d’équipements répondant peu aux besoins réels des usagers.
Le mouvement maker et la culture du faire soi-même
L’apparition des laboratoires de création en bibliothèque s’inscrit dans un mouvement plus vaste qui valorise le « faire soi-même » (en anglais : DIY ou Do It Yourself). Les raisons qui poussent à « faire soi-même » sont nombreuses – économiser, développer son autonomie, apprendre de nouvelles techniques, etc. – et conduisent à des projets en tous genres : tricot, joaillerie, autoédition de livres, rénovation, décoration, programmation informatique, conception 3D, projets médiatiques, etc.
Le mouvement maker, et plus précisément celui des laboratoires de type Fab Lab, amène cependant à aller plus loin en s’inscrivant avec force dans la culture du « faire ensemble » (en anglais : DIT ou Do It Together). Les participants peuvent ainsi dépasser leur propre champ de prédilection et entrer en contact avec des spécialistes ou des passionnés d’une grande variété de domaines. Les projets qui résultent de ces rencontres ou de ce choc des idées se trouvent ainsi bonifiés par l’implication de toutes les parties prenantes : le résultat de ce croisement est plus important que la somme de ses parties.
L’histoire de la culture maker est riche et variée, allant des groupes punks anticapitalistes des années 70 aux vidéos de conseils beauté présentés sur YouTube. C’est une culture qui est tournée à la fois vers le passé, par la mise en valeur de techniques traditionnelles qui ont déjà fait leurs preuves (couture, menuiserie), et vers le futur, comme le montre la popularité de machines-outils nouvellement accessibles au grand public (imprimante 3D, appareil de découpe au laser, etc.). On parle ici d’une véritable démocratisation de l’ère industrielle, et même d’une quatrième révolution industrielle.
Les premières organisations consacrées au faire soi-même ont été les hackerspaces allemands et américains. Ces lieux communautaires apparus dans les années 1990 se concentraient sur le développement informatique en préconisant une éthique de partage, d’entraide, de maîtrise technique et d’innovation. Moins tournés vers l’informatique, les makerspaces, ou espaces maker, ont pour leur part été popularisés dans les années 2000, notamment grâce à des magazines et des foires spécialisés.
Le terme maker s’est imposé au fil du temps, ayant l’avantage d’éviter la connotation négative attachée au terme hacker, souvent lié aux notions de piratage, d’espionnage ou de cyberattaques. Les espaces maker impliquent généralement un coût d’abonnement modique en échange d’un accès à des machines et à des outils qui permettent la création autonome de nouveaux produits.
Malgré la diversité des formes que peut prendre ce mouvement, des principes communs caractérisent la culture du faire soi-même :
Autonomie
Au cœur du faire soi-même se trouve l’individu qui cherche à développer des aptitudes particulières, nécessaires à la réalisation de projets qui, autrement, exigeraient l’embauche de spécialistes. En acquérant de nouvelles compétences techniques grâce à l’accès à des outils spécialisés, l’individu passe du statut de consommateur passif à celui de producteur actif.
Communauté
Le développement individuel, au sein de la culture du faire soi-même, suppose et exige le partage des connaissances. À travers l’entraide et la coconstruction des savoirs se développe une communauté de créateurs aux objectifs similaires.
Innovation
L’usage généralisé du terme laboratoire dans l’appellation ou la définition des espaces maker souligne d’emblée la nature profondément expérimentale de la culture du faire soi-même.
En accédant à des moyens de créer qui étaient liés auparavant à une infrastructure professionnelle lourde, les participants peuvent non seulement laisser libre cours à leur imagination, mais aussi la voir s’incarner dans le réel. Le prototypage, notamment, est grandement facilité par l’usage d’imprimantes 3D. En plus de permettre la transformation d’une maquette virtuelle en un prototype palpable, ces appareils évitent aux créateurs le coûteux processus de prototypage. L’apprentissage se fait ainsi de façon itérative : on développe un nouveau concept, on cherche la meilleure façon de le concrétiser, on essaie, et on recommence au besoin. La production à petite échelle limite les risques et l’impact des erreurs, offrant ainsi la possibilité de se « tromper » à répétition, jusqu’à l’atteinte d’un résultat jugé satisfaisant.
C’est à partir de 2010 que les bibliothèques publiques se sont inscrites de façon plus marquée dans le développement d’espaces basés sur les principes du faire soi-même, jugeant qu’ils s’harmonisaient parfaitement avec leur mission d’origine. Cette année précise correspond à une étape importante : l’inauguration du premier laboratoire de type Fab Lab en bibliothèque, à la bibliothèque de Fayetteville, dans l’État de New York. Lauren Britton y a contribué à fonder une nouvelle vision de la bibliothèque comme lieu de créativité et, surtout, comme institution qui soutient la créativité des citoyens [1].
Cette vision qui renouvelle la signification de la bibliothèque comme tiers lieu prolonge la conversation et le lien social à travers des activités d’apprentissage et de fabrication. Depuis, les laboratoires de type Fab Lab et autres espaces maker en bibliothèque ont rapidement essaimé aux États-Unis, au Canada et en Europe, permettant d’inclure au cœur de la notion de tiers lieu une offre de services adaptée en nouvelles technologies.
Mais les déclinaisons du laboratoire de création ne sont pas identiques en tous points. Des besoins différents appellent évidemment différents types d’espaces.
Les types de laboratoires de création
Bien que le laboratoire de création soit loin d’être un concept monolithique, certaines variations obtiennent la faveur d’un public grandissant et sont assez répandues dans les bibliothèques. À noter que, dans le cadre de ce wiki, c’est le terme laboratoire de création qui sera le plus souvent utilisé.
Espace maker, ou makerspace
« Terme générique pour définir l’ensemble des lieux ouverts à tous où des gens se rassemblent pour créer, apprendre, innover, bricoler, découvrir et explorer. Ainsi, il réfère plus à un état d’esprit qu’à un lieu réunissant des outils spécifiques. Tous les modèles aux identités variées […] (médialab, Fablab, etc.), ainsi que leurs hybrides, entrent dans la catégorie des makerspaces[2]. »
Médialab
Moins axé sur la réalisation de produits tangibles, ce laboratoire d’expérimentation est orienté vers la production et la promotion de technologies médiatiques de représentation visuelle, sonore et vidéo. Il s’inscrit dans la mouvance du faire soi-même en encourageant la création autonome, l’apprentissage de nouvelles compétences et le partage de connaissances à l’intérieur d’une communauté d’utilisateurs.
Laboratoire de type Fab Lab, ou laboratoire de fabrication numérique
Lieu ouvert au public et donnant accès à une variété de machines et d’outils permettant la conception et la réalisation d’objets. « On y trouve aussi bien des entrepreneurs qui souhaitent passer plus vite du concept au prototype que des designers/artistes, des étudiants désireux d’expérimenter et d’enrichir leurs connaissances pratiques en électronique ou en design [ou] des citoyens retraités à l’âme de "bidouilleur[3]". »
« Ces équipements permettent de fabriquer "presque" n’importe quel objet. Le Fablab est un lieu invitant qui, en plus de démocratiser l’accès à des équipements spécifiques, incite à la découverte, au jeu, à l’expérimentation et au partage des savoirs[4]. »
Le laboratoire de type Fab Lab est articulé autour d’une charte d’utilisation établie selon le modèle du professeur du MIT Neil Gershenfeld, qui guide la philosophie des lieux et encourage l’engagement du public. On y préconise la documentation des processus ayant mené aux réalisations faites en ses murs, souvent des objets tangibles. Ce type de laboratoire donne accès à des applications conçues collectivement dans le but de faciliter l’apprentissage et l’appropriation du numérique par l’intermédiaire du code source ouvert, qui s’articule autour de la libre redistribution, de l’accès au code source et de la création de travaux dérivés.
Bien qu’aucun équipement ne soit obligatoire, on y installe généralement les éléments suivants afin de rendre interopérables l’ensemble des laboratoires de type Fab Lab et de maximiser leur impact à l’ère de la mondialisation : un appareil de découpe au laser, une machine-outil à commande numérique (CNC), une fraiseuse numérique, une table de découpe numérique, un appareil de découpe de vinyle, une imprimante 3D, un espace de microsoudure et un stock de composantes électroniques.
Recherche ouverte en innovation (living lab)
Terme désignant une méthodologie de recherche créatrice regroupant l’ensemble des acteurs concernés par un même projet – chercheurs, spécialistes, praticiens, entreprises, associations, individus, utilisateurs potentiels – dans l’objectif de tester dans le réel des services, des outils ou des usages nouveaux.
« Il s’agit de sortir la recherche des laboratoires pour la faire descendre dans la vie de tous les jours, en ayant souvent une vue stratégique sur les usages potentiels de ces technologies.
Tout cela se passe en coopération entre des collectivités locales, des entreprises, des laboratoires de recherche, ainsi que des utilisateurs potentiels. Il s‘agit de favoriser l‘innovation ouverte, [de] partager les réseaux et [d’]impliquer les utilisateurs dès le début de la conception[5]. »
Contrairement à ce que l’on pense souvent, le terme living lab ne désigne donc pas un lieu physique, mais bien une méthode de travail. D’autres approches tout aussi pertinentes peuvent également être utilisées, par exemple la conception créative[6] (design thinking).
Aucun terme ne semble désigner formellement le lieu réservé à la réflexion en innovation. Afin de faciliter leur travail, les employés évoluant autour du projet BAnQ Saint-Sulpice utilisent le terme carrefour d’idéation.
Ruche d’art
« Tiers lieux de fabrication artistique, qui partagent leurs ressources telles que des matériaux d’art afin de les réutiliser de façon créative. Elles expérimentent les idées avec curiosité et humilité, tout en utilisant des méthodes de recherche ancrées dans les arts[7] […]. »
Rétrothèque
Lieu offrant l’équipement et l’accompagnement nécessaires pour pouvoir transférer du contenu d’un support obsolète vers un support contemporain, très souvent de nature numérique : transfert d’un film super-8 en format numérique, récupération de bandes de son analogiques et transfert en format numérique, etc.[8]. La rétrothèque est également propice aux échanges sur l’évolution des technologies et les enjeux de la préservation de la mémoire collective, de même qu’à l’expérimentation axée sur les supports et les appareils de lecture (transférer un enregistrement moderne sur un support ancien ou créer un document original à l’aide d’une technologie révolue, par exemple).
Apprendre dans un laboratoire de création
En quoi les laboratoires de création favorisent-ils l’apprentissage et l’acquisition de connaissances[9]?
Les laboratoires de création sont articulés autour des éléments suivants, qui visent tous le développement d’apprentissages personnels :
Mise en place d’un lieu qui permet d’« apprendre à apprendre »;
Possibilité de procéder par essais et erreurs, l’échec étant perçu de manière positive, comme un passage nécessaire;
Acquisition de connaissances sous-jacentes (traverser un processus d’apprentissage sans vraiment en avoir conscience) : par exemple, développer des habiletés linguistiques dans le cadre de la rédaction d’un scénario visant la réalisation d’un court-métrage, ou utiliser des principes de géométrie spatiale dans un processus de conception 3D.
Plusieurs études se sont penchées sur les apprentissages propres aux laboratoires de création, mais la plus importante demeure celle de Mimi Ito[10]. On y dégage le concept HOMAGO, qui permet de mieux comprendre à la fois la nature de ces apprentissages et les structures à mettre en place pour les favoriser. Bien que les analyses aient été faites sur une clientèle adolescente, on pourrait sans aucun doute les transposer sur l’ensemble de la clientèle.
HOMAGO et ses principes
Au terme de recherches ethnographiques auprès de centaines d’adolescents et portant sur l’utilisation des nouveaux médias, une équipe de chercheurs travaillant sous la direction de Mimi Ito a découvert que les jeunes ne se divisent pas en catégories tranchées quant à leur utilisation des nouveaux médias. Leur participation se module plutôt selon trois modes différents, en fonction du contexte et de leurs désirs personnels.
Hanging Out (socialisation)
Participation informelle et plutôt effacée, souvent ludique, axée sur la socialisation, permettant une appropriation graduelle des lieux et des activités.
Messing Around (bidouillage)
Mode de participation autodidacte, orienté vers l’essai-erreur, en solo ou en compagnie de pairs. Le personnel est présent pour accompagner, orienter, conseiller ou offrir un enseignement de base.
Geeking Out (engagement)
Engagement intense par rapport aux technologies présentes et approfondissement des connaissances dans un domaine précis. L’individu est souvent perçu comme un expert et fait office de mentor auprès des autres participants.
« Le modèle HOMAGO offre deux avantages par rapport aux anciens modèles tentant de décrire l’interaction des jeunes avec les nouveaux médias. D’une part, plutôt que de classer les jeunes en catégories d’individus qui interagissent plus ou moins avec les nouveaux médias, HOMAGO offre trois modes de participation accessibles et praticables pour tous les jeunes selon le contexte, l’environnement social et leurs intérêts et passions. HOMAGO ne présuppose pas que certains jeunes sont habiles et productifs avec les nouveaux médias, et que d’autres n’y sont pas attirés [sic] et peu compétents. Le modèle HOMAGO pose plutôt l’hypothèse que les jeunes font usage des médias numériques selon le niveau d’engagement qui correspond à leur intérêt, dans un contexte social déterminé. En ce sens, il présuppose que tous les jeunes peuvent passer d’un mode d’engagement à un autre, suivant la situation.
De plus, le concept d’HOMAGO permet de redéfinir de façon radicale les situations d’apprentissage des jeunes. Alors que la situation d’apprentissage classique – celle que l’on trouve dans le système d’éducation – a des modalités, des objectifs et des critères d’évaluation propres et homogènes pour tous les participants, un espace qui promeut le concept d’HOMAGO reconnaît la capacité des jeunes à acquérir des connaissances et des expertises importantes lors de différents modes d’engagement. Un lieu habité par des jeunes qui parlent au téléphone cellulaire, clavardent avec des amis, écoutent et partagent de la musique et naviguent sur Internet en groupe se change donc en une situation d’apprentissage potentielle où chacun a le pouvoir d’apprendre selon ses propres intérêts et passions, en partenariat avec ses pairs ou des adultes-ressources[11]. »
L’apprentissage en réseau
Le modèle pédagogique de l’apprentissage en réseau (connected learning) découle des principes HOMAGO et s’appuie sur les idées suivantes :
« Les jeunes apprennent lorsqu’ils produisent de façon active, lorsqu’ils créent, ou lorsqu’ils expérimentent et conçoivent. Ces façons d’apprendre développent la capacité d’apprendre de façon autodidacte pendant toute leur vie et sont adaptées aux conditions de travail du 21e siècle.
Les jeunes apprenants acquièrent de nouvelles compétences beaucoup plus rapidement lorsqu’ils œuvrent à des projets relevant directement de leurs intérêts propres.
L’apprentissage est renforcé lorsqu’il s’effectue dans un environnement social où les jeunes contribuent, partagent et échangent sur le travail de leurs pairs. C’est cet aspect social qui rend l’apprentissage intéressant.
L’apprentissage se fait plus rapidement et plus facilement lorsqu’il se fait dans plusieurs environnements différents, y compris à l’école et à la maison, mais aussi dans la collectivité[12]. »
L’impact social des laboratoires de création
« Si l’on se fie aux recherches universitaires réalisées sur le médialab YOUmedia, de la bibliothèque publique de Chicago, les retombées positives de la fréquentation d’un médialab sont multiples et indéniables. D’abord, l’espace en lui-même, son climat accueillant et sécuritaire, est un important facteur d’adoption chez les jeunes. Plusieurs y viennent principalement pour y retrouver ce climat inclusif et ce sentiment d’appartenance. Pour les jeunes qui vivent de l’isolement ou évoluent dans un climat dangereux à l’école ou dans leur quartier, le médialab fait office de refuge. C’est aussi pour eux un environnement idéal pour faire la connaissance de jeunes qui partagent leurs intérêts, et la base d’amitiés qui renforcent leur intégration sociale dans leur communauté.
Pour plusieurs jeunes, la fréquentation d’un médialab favorisera leur intégration sociale en leur donnant l’occasion d’acquérir des compétences qui leur serviront dans les sphères scolaire et professionnelle. Par le biais de projets centrés sur leurs intérêts, les jeunes apprennent à s’investir dans une entreprise collective, à prendre leur rôle au sérieux, à collaborer avec les autres participants. Et il n’est pas surprenant d’apprendre que les participants voient leurs compétences médiatiques augmenter de façon notable : près de 57 % des participants au YOUmedia de Chicago rapportent avoir enrichi leurs compétences informatiques et médiatiques de façon significative.
Or, ces améliorations se traduisent aussi par d’autres progrès. L’équipe de chercheurs de YOUmedia a constaté que la participation au médialab améliorait chez les jeunes leurs résultats scolaires, leurs compétences en écriture et leurs rapports avec les adultes. Finalement, les trois quarts des participants au YOUmedia signalent avoir une meilleure compréhension des occasions d’emploi qui se présenteront à eux après l’école secondaire, et des compétences qui seront exigées d’eux sur le marché du travail[13]. »
Notes
Marie D. Martel, « J’ai mis le feu à ma découpe laser et je suis devenue experte en buse », Voir, 30 septembre 2016, voir.ca/marie-d-martel/2016/09/30/jai-mis-le-feu-a-ma-decoupe-laser-et-je-suis-devenue-experte-en-buse/ (consulté le 20 octobre 2017).
Ville de Montréal, Guide des laboratoires de fabrication dans les bibliothèques publiques, Montréal, Ville de Montréal, Service de la culture, Direction des bibliothèques, 2017, p. 14.
Pierre-Maxence Renoult, « Qu’est-ce qu’un Fablab? Vers une révolution de la conception! », ArchiBat Mag, 5 mai 2015, www.archibat.com/blog/quest-ce-quun-fablab-vers-une-revolution-de-la-conception/ (consulté le 4 décembre 2017).
Ville de Montréal, Guide des laboratoires de fabrication dans les bibliothèques publiques, op. cit., p. 14.
« Living lab », Wikipédia, fr.wikipedia.org/wiki/Living_lab (consulté le 13 juin 2018).
La conception créative est « un ensemble de méthodes qui permet de résoudre un problème d’innovation ou de manager un projet d’innovation en appliquant une démarche similaire à celle du designer. Rolf Faste de l’Université Stanford développa cette approche de l’innovation dans les années 1980 en y introduisant sept étapes. Chaque étape est définie par un verbe. Il s’agit de définir, rechercher, imaginer, prototyper, sélectionner, implémenter et apprendre. Jeremy Gustche rapporta ce processus d’innovation à cinq étapes. Ces dernières sont identifiées par les verbes définir, imaginer, synthétiser, prototyper et tester ». Voir « Glossaire – Design thinking », eMarketing.fr, www.e-marketing.fr/Definitions-Glossaire/Design-thinking-308589.htm (consulté le 27 octobre 2018).
Ville de Montréal, Guide des laboratoires de fabrication dans les bibliothèques publiques, op. cit., p. 14.
Voir Comité d’idéation du projet Saint-Sulpice, BAnQ Saint-Sulpice — Un projet de bibliothèque-laboratoire — Rapport final du Comité d’idéation du projet Saint-Sulpice, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), 2016, p. 16.
Voir sous l’onglet Autres documents : Benjamin Bond, Médialab BAnQ — Composantes du volet physique du Médialab, Montréal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), 2014.
Mimi Ito, Hanging Out, Messing Around, and Geeking Out: Kids Living and Learning with New Media, Cambridge, MIT Press, 2009, 441 p.
Voir sous l’onglet Autres documents : Benjamin Bond, Médialab BAnQ — Contexte et cadre théorique du Médialab, op.cit., p. 17.
Ibid.
Ibid.
Caractéristiques d'un laboratoire de création
Répétons-le : il n’existe pas qu’une seule formule de laboratoire de création. Les modèles couronnés de succès sont multiples, allant du plus simple au plus complexe, et la bonne performance d’un modèle n’implique pas que sa reproduction rencontrera le même succès ailleurs.
On peut tout autant opter pour la plus grande simplicité et susciter une adhésion enthousiaste qu’offrir une très grande variété d’équipements et n’engendrer qu’un intérêt limité. Le succès d’un laboratoire de création tient avant tout à la correspondance entre les besoins réels des usagers et la capacité de l’institution à soutenir et accompagner ces derniers au regard des équipements et des activités.
Le petit truc spécial
Le petit truc spécial, c’est l’élément qui, dans un laboratoire de création, correspond parfaitement aux besoins et aux intérêts des usagers. C’est l’élément qui fait la différence. Il se caractérise donc par une définition multiple, qui varie dans chaque laboratoire de création.
Dans le cadre des phases exploratoires précédant la mise en place, à la Grande Bibliothèque, du Square Banque Nationale, un médialab réservé aux adolescents, BAnQ a visité six établissements situés dans trois États américains afin d’avoir une vision plus claire des philosophies derrière les médialabs ainsi que des structures, des équipements et des ressources requises :
Le TechCentral Makerspace, à la bibliothèque publique de Cleveland (Ohio);
Le YOUmedia Chicago, à la bibliothèque publique de Chicago (Illinois);
Les Digital Media Labs, à la bibliothèque publique de Skokie (Illinois);
Le ldeaBox, à la bibliothèque publique d'Oak Park (Illinois)
Hub, à la bibliothèque publique d’Arlington Heights (Illinois);
Le Bubbler, à la bibliothèque publique de Madison (Wisconsin).
On aurait pu s’attendre à ce que, la proximité géographique aidant, les intérêts et les équipements se ressemblent dans ces six laboratoires de création. Pourtant, dans chaque institution, les employés se sont empressés de souligner ceci : s’il y avait une seule chose sur laquelle BAnQ devait orienter sa programmation, c’était le petit truc spécial, qu’il fallait nécessairement y retrouver. Pour certains, il s’agissait de studios d’enregistrement et de postproduction orientés vers le rap. Pour d’autres, c’était des lieux orientés vers l’animation image par image (stop motion) ou vers la modélisation et l’impression 3D . Bref, c’est la clientèle locale qui a bien souvent défini la nature même de l’espace et de l’offre de services, délaissant parfois certains équipements plus spécialisés dont les coûts d’achat et d’entretien étaient pourtant plus élevés.
Les questions fondamentales qu’il faut se poser sont donc les suivantes :
Quelle est la raison d’être du laboratoire? Qui dessert-on et quels sont les besoins de cette clientèle?
Est-ce un lieu qui couvrira un spectre très large de fonctionnalités ou qui sera surtout orienté vers des fonctions de médialab ou de type Fab Lab ? Préfère-t-on une version hybride? Ou faut-il opter pour une tout autre orientation?
Mettra-t-on en place une mixité de technologies? Fera-t-on une place aux fonctionnalités plus traditionnelles (les métiers d’art, par exemple)?
Évidemment, les besoins de la clientèle peuvent être multiples, mais il demeure essentiel de tenter de définir le plus précisément possible la nature de ces besoins et ce qu’on attend prioriser.
Clientèles ciblées
Quelle est la clientèle du laboratoire? La réponse à cette question a un impact considérable sur la nature des lieux. Le laboratoire s’adresse-t-il à la population générale (qui est rarement homogène) ou à un groupe particulier? Y aura-t-il des plages horaires réservées à certains groupes précis ou verra-t-on toujours une variété d’usagers?
Si l’espace est orienté vers une clientèle précise, l’aménagement sera pensé en fonction de celle-ci, alors qu’une offre tournée vers l’ensemble de la population entraînera sans doute l’élimination d’aménagements trop spécialisés. Il faut cependant noter que plus le lieu est vaste, plus il peut accueillir de microcosmes adaptés aux particularités de différents groupes ciblés.
À titre d’exemple, on pourrait facilement imaginer un laboratoire de création s’adressant au grand public, mais comportant un espace de socialisation réservé aux adolescents. Si le laboratoire accorde une place d’importance aux usagers aînés, on portera sans doute une attention particulière au mobilier : on y retrouvera moins de tabourets hauts ou de fauteuils poires (Fatboy, bean bag) que d’éléments de mobilier plus ergonomiques et confortables.
Le tableau ci-dessous présente différents types d’usagers, quelques exemples de fonctionnalités qui correspondent à chaque type ainsi que les caractéristiques souvent associées aux lieux qui leur sont consacrés. Évidemment, ces regroupements demeurent très généraux.
Tableau 1. Caractéristiques et fonctionnalités des espaces selon les types de clientèle
Clientèles ciblées | Exemples de fonctionnalités généralement associées | Caractéristiques des espaces |
---|---|---|
Jeunes et familles |
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Étudiants |
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Adolescents |
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Personnes âgées ou seules |
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Entrepreneurs, etc. |
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Organismes communautaires (nouveaux arrivants) |
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Femmes / jeunes filles |
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Usagers avec handicap |
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Il est facile de se perdre dans une accumulation de fonctionnalités ou d’équipements, tout en ne répondant pas nécessairement aux besoins des usagers. Il est donc conseillé de ne couvrir que quelques fonctionnalités, mais de façon assez exhaustive, afin que les projets des usagers puissent atteindre un niveau satisfaisant d’achèvement. Par exemple, si on offre des caméras sur place, mais pas de micros, de système d’éclairage adapté, ni d’ordinateurs suffisamment puissants et équipés des logiciels permettant une postproduction de qualité, on risque de ne pas satisfaire les attentes et même de générer un sentiment de frustration.
Déterminer avec précision la mission du laboratoire suppose donc de se pencher sur la nature des processus de création qui sont visés et sur l’équipement technologique ainsi que les aménagements nécessaires. Mieux vaut souvent faire moins, mais faire bien!
Évidemment, malgré l’existence de toute une terminologie définissant des espaces homogènes et des fonctionnalités très distinctes (de médialab, de type Fab Lab, etc.), la réalité est rarement aussi tranchée, et on se retrouve souvent devant des combinaisons d’équipements et de fonctionnalités qui appartiennent à l’une ou l’autre des grandes catégories. Une grande proportion des laboratoires de création proposent de tels mariages (par exemple, des équipements de création médiatique qui côtoient des appareils de découpe de vinyle). Il est cependant essentiel de déterminer le plus précisément possible quels sont les points d’ancrage, la personnalité et l’identité de votre laboratoire de création à vous.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu’aucun laboratoire de création n’évolue en vase clos. Il est donc particulièrement important de déterminer ce qui se fait ailleurs, en particulier dans l’environnement immédiat : cela peut conduire à mettre en place des fonctionnalités ou des équipements complémentaires à ceux des voisins afin de pouvoir s’intégrer au développement d’une expertise locale ou, au contraire, à s’en dissocier complètement ou partiellement afin d’offrir quelque chose de différent, d’unique.
Partager des fonctionnalités et des équipements avec les voisins présente de grands avantages : il est ainsi possible d’apprendre des autres en fonction de leurs essais et erreurs, de profiter de leur expertise et des fiches-projets réalisées, mais également de mettre en place des partenariats ou des activités communes. Si, par exemple, une bibliothèque avoisinante utilise tel équipement de robotique, il peut être fort intéressant d’utiliser le même afin de favoriser les échanges, les activités communes, voire la mise en place de compétitions ou de concours.
Spécificités de la clientèle adolescente (13-17 ans)
Les adolescents représentent un groupe souvent difficile à rejoindre pour les bibliothèques. Paradoxalement, l’âge où les usagers sont le plus susceptibles de délaisser la bibliothèque est aussi celui où ils bénéficieraient le plus de ses services. La richesse émotionnelle et les pics de créativité associés à l’adolescence méritent d’être cultivés; la mise à disposition d’un lieu et d’outils à cet effet est alors d’autant plus pertinente.
Les défis associés à la mise en place d’un laboratoire de création où on veut faire converger les adolescents sont multiples. Comment miser sur l’inclusion de ces usagers sans que cela se fasse au détriment des usagers adultes? Doit-on nécessairement les isoler et leur fournir un espace exclusif, ou plutôt espérer que le partage d’un même environnement nourrisse la cocréation des savoirs? Malgré les apparences, les adolescents représentent-ils vraiment un groupe à ce point différent des autres types d’usagers des bibliothèques?
Ces questions méritent toutes d’être analysées, et c’est en multipliant les approches à travers l’expérimentation que les bibliothèques réussiront à mieux cibler les besoins technologiques, ludiques et créatifs des usagers adolescents. Outre l’évolution du Square Banque Nationale de BAnQ, celle des laboratoires de création des bibliothèques de Brossard, Laval et Repentigny (pour ne nommer que les plus récents) aidera, dans les prochaines années, à déterminer ce qui obtient le plus de succès auprès des adolescents. Ce guide se voulant vivant, il sera mis à jour au fil du temps afin de tenir compte des essais, erreurs, échecs et exploits liés aux initiatives visant les adolescents dans les laboratoires de création québécois[2].
Spécificités de la clientèle préadolescente (10-12 ans)
À mi-chemin entre l’enfance et l’adolescence, ne s’identifiant ni à l’une ni à l’autre de ces catégories, les préadolescents amènent eux aussi leur lot de défis, typiques de la segmentation de la clientèle à laquelle font face actuellement les bibliothèques publiques.
Encore ici, plusieurs questions se posent : doit-on nécessairement séparer préadolescents et adolescents, tant sur le plan des espaces que sur celui des équipements et des activités? Quel degré d’autonomie doit-on leur accorder, sachant que l’utilisation de certains des équipements suscitant le plus de curiosité n’est pas sans risque de blessures? Comment éviter que les enfants soient laissés sans supervision? Où se trouve le juste milieu entre gadget ludique et outil pédagogique?
Spécificités de la clientèle jeune (jusqu'à 10 ans)
Section en cours de réalisation
Réalités et gestion d’une clientèle jeune d’âges diversifiés, au cœur d’un espace unique
Section en cours de réalisation
Facteurs d’importance à considérer
La taille du terrain de jeux
La superficie disponible, évidemment, dictera le nombre et la diversité des fonctionnalités offertes, qui dépendront également de la possibilité d’effectuer des transformations dans l’espace envisagé. Par exemple, certains équipements nécessitent une ventilation particulière : la possibilité de mettre en place une telle infrastructure fera la différence au regard des options analysées.
On doit également planifier l’espace en gardant à l’esprit un élément fondamental : la trame collaborative inhérente à la philosophie des espaces maker. Une superficie minimale est bien sûr requise pour assurer un travail individuel efficace et sécuritaire, mais il faut savoir que les équipements sont très souvent utilisés par plusieurs individus à la fois. (on retrouve en annexes, plusieurs fiches techniques détaillées à cet effet).
L’espace de circulation envisagé doit ainsi permettre et même favoriser la présence d’une multiplicité de personnes. Même pour un type de travail minutieux et solitaire comme la postproduction audio, le contexte collaboratif propre aux laboratoires de création génère souvent la présence d’une équipe composée de deux, trois ou même quatre personnes. Les laboratoires de création se caractérisent donc très souvent par la présence de grandes tables de travail et de vastes couloirs de circulation.
Les budgets
La hauteur du budget dictera l’éventail des possibilités dans la réflexion initiale. Il faut garder à l’esprit que le laboratoire continuera d’évoluer après son ouverture et qu’un budget de maintien des actifs est essentiel, tant pour l’entretien des appareils que pour l’achat de consommables, le remplacement des équipements ou l’acquisition de nouveaux appareils.
De plus, il est inutile d’avoir un éventail d’équipements si aucun employé n’est présent pour accompagner l’usager dans la compréhension ou la manipulation, que ce soit dans le cadre de projets personnels ou lors d’une simple exploration menée par la curiosité. La clé du succès d’un laboratoire de création réside bien souvent dans la présence de ressources humaines qui se consacrent pleinement aux usagers, et par conséquent d’un budget de fonctionnement adéquat.
L’absence des ressources humaines nécessaires peut par ailleurs engendrer des risques au regard de la sécurité des usagers. En effet, selon les activités et les équipements, une formation préalable des utilisateurs, voire un encadrement constant peut être requis. À cet égard, il est essentiel de bien documenter chacun des équipements envisagés afin d’avoir une vision claire des exigences en santé et sécurité. Cette mise en garde est particulièrement vraie en ce qui concerne les machines-outils présentes dans un laboratoire de type Fab Lab (des fiches techniques, présentes en annexes, abordent cette question).
En résumé, dans un premier temps, il faut déterminer ce que l’on souhaite faire et placer les fonctionnalités envisagées en ordre de priorité. Par la suite, il faut confronter ces options au budget alloué et à la capacité de mettre en place les ressources humaines nécessaires à l’accompagnement, puis effectuer des choix. La taille des lieux est évidemment capitale dans le cadre d’un tel exercice. À ce sujet, deux cas se présentent bien souvent :
Un espace précis est disponible, et le choix des fonctionnalités se fait donc en fonction d’un certain nombre de mètres carrés, qui ne changera pas.
La direction des immeubles de l’institution demande de dresser l’inventaire des fonctionnalités désirées en détaillant pour chacune les exigences techniques (superficie requise, équipements, infrastructures immeubles, etc.) ainsi que le niveau de priorité. Une analyse des espaces potentiels (qui pourront être réaménagés ou construits) est par la suite réalisée.
Tableau 2. Facteurs primaires à considérer
Facteur primaire | Considérations |
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Espace |
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Budget |
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Compétences et motivations des employés |
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Changement identitaire de la bibliothèque |
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Tableau 3. Facteurs secondaires à considérer
Facteur secondaire | Considérations |
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Interfaces en anglais |
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Prévalence de l'aspect technologique |
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Travail en silo |
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Notes
Voir Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), Une bibliothèque pour tous – Guide à l’intention du personnel des bibliothèques publiques du Québec.
Voir aussi Comité d'idéation du projet Saint-Sulpice, Journée d’étude sur les adolescents — Synthèse des présentations et des discussions
FOURNEUX, Thomas, Organiser un makerspace autrement que par une approche matérielle, Biblio Numéricus, https://biblionumericus.fr/2015/10/24/organiser-un-makerspace-autrement-que-par-une-approche-materielle/ (consulté le 9 novembre 2017).
FOURNEUX, Thomas, Guide pour construire un makerspace dans une bibliothèque, Biblio Numéricus, https://biblionumericus.fr/2015/08/27/guide-pour-construire-un-makerspace-dans-une-bibliotheque/ (consulté le 9 novembre 2017).
Pourquoi des laboratoires de création dans les bibliothèques?
Au Québec comme à l’international, la popularité des laboratoires de création ne cesse d’augmenter. Plusieurs bibliothèques se sont déjà dotées de telles installations et, au moment même où vous lisez ces lignes, de nombreux projets sont en cours de développement.
Il peut cependant être difficile de s’y retrouver, puisqu’il existe de nombreuses déclinaisons du laboratoire de création et que les différents processus et analyses sont rarement documentés.
Afin de dégager les meilleures pratiques, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) présente ce guide qui vise à documenter les usages et les processus d’implantation des laboratoires de création. Ces lignes directrices découlent de l’expertise acquise et des documents générés dans le cadre de projets récents :
l’implantation du Square Banque Nationale (le médialab de la Grande Bibliothèque);
la mise en place de la future bibliothèque Saint-Sulpice.
Afin de dresser un portrait complet des principes et des enjeux entourant les laboratoires de création, on procédera en deux temps. La première partie du document se penchera sur les principes théoriques qui sous-tendent les laboratoires de création et sur les différentes incarnations du mouvement maker. On y indiquera aussi les analyses et les réflexions auxquelles il est impératif de procéder afin d’identifier clairement la nature du projet – un projet qui sera à la fois le vôtre et celui de la communauté que vous desservez.
La seconde partie se penchera plutôt sur les aspects concrets : l’aménagement physique, le budget, les ressources humaines, l’équipement et les activités, la promotion, etc. Cette section est appuyée par de nombreux documents (disponibles dans l’onglet Autres documents), qui comprennent notamment des fiches techniques créées dans le cadre de différents projets de BAnQ, touchant les questions d’aménagement ou l’analyse de divers types d’équipements.
Il ne faut cependant pas s’y tromper : l’objectif recherché ici n’est pas d’offrir une recette qu’il suffirait de reproduire de façon indifférenciée, mais bien de cartographier l’univers des possibles qui s’offre à chaque institution, de manière à ce que celle-ci puisse procéder aux choix les plus éclairés possibles (et des choix, il y en aura beaucoup à faire).
Afin de ne pas alourdir la lecture, on a indiqué en référence certains documents connexes qui permettront d’approfondir la réflexion si désiré.
Des laboratoires de création en bibliothèque publique
La bibliothèque publique doit fournir à ses usagers des outils et des services qui reflètent leur réalité.
Selon le Manifeste de l’UNESCO sur la bibliothèque publique[1], il appartient à la bibliothèque de faciliter le développement des compétences de base nécessaires pour utiliser l’information et l‘informatique, et de stimuler l‘imagination ainsi que la créativité des enfants et des jeunes (et de l’ensemble de la clientèle, par extension). De plus, elle doit soutenir l’autoformation et l‘enseignement traditionnel à tous les niveaux et fournir à chaque individu les moyens d‘évoluer de manière créative. Ces principes fondamentaux sont également cités dans les Lignes directrices pour les bibliothèques publiques du Québec de l’Association pour l’avancement des sciences et des techniques de la documentation (ASTED)[2].
La bibliothèque restera toujours un endroit où la diffusion du savoir est facilitée grâce à l’accès universel à des collections de documents; mais sa mission ne se limite pas à cette notion d’accessibilité documentaire. L’aménagement d’un laboratoire de création, par exemple, participe pleinement à la démocratisation de l’accès à des technologies de pointe, normalement réservées aux professionnels de domaines particuliers; il peut même permettre aux usagers de développer un regard critique sur l’ère industrielle à laquelle ils sont invités à prendre part. Il facilite en outre l’acquisition et le développement de connaissances. Les usagers peuvent ainsi passer d’une position de simples consommateurs de technologies à une position de développeurs de technologies. L’implantation d’un laboratoire de création permet aussi de stimuler une innovation issue des besoins mêmes des usagers, par l’intermédiaire des nouvelles connaissances acquises.
Comme à l’époque où la consultation des collections en bibliothèque représentait pour plusieurs l’unique moyen de se cultiver, de s’éduquer, d’accéder à une information précise ou de se divertir gratuitement, les laboratoires de création sont devenus, pour une très vaste majorité d’usagers, le seul point d’accès à des technologies de pointe à la fois coûteuses et peu adaptées à un usage domestique. En élargissant les sillons bibliothéconomiques déjà tracés par une offre liée à la culture, à l’éducation et au divertissement, ces nouveaux lieux consacrés à l’autoformation et à la création s’intègrent parfaitement dans la tradition, l’évolution et la mission des bibliothèques publiques.
Les bibliothèques publiques ne sont donc plus seulement conçues et perçues comme des lieux de consultation et de socialisation, mais également en tant que lieux de fabrication et d’apprentissage où les usagers peuvent mener des projets individuels ou communautaires[3]. La bibliothèque du 21e siècle amorce une nouvelle ère où, en plus des axes déjà maîtrisés de consultation et d’utilisation de l’information, elle place clairement son action sous l’angle de la participation et de la création[4]. Elle entre pleinement dans l’âge du faire[5].
Comme le souligne Marie D. Martel, « les bibliothèques ont évolué à travers l’âge de l’accès (et ce n’est pas terminé) vers l’âge de la formation et, maintenant, voici que survient l’âge de la participation. Dans ce contexte, les bibliothèques se redéfinissent en tant que projet de curation et de création[6] ».
Tableau 1. Les âges de la bibliothèque | |
Âge de l’accès |
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Âge de la formation |
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Âge de la participation |
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« La première [bibliothèque] à avoir proposé un fab lab entre ses murs est la Fayetteville Free Library dans l’État de New York aux États-Unis, à partir de 2011, sur l’initiative de la bibliothécaire Lauren Britton Smedley . Le succès de cette entreprise a ensuite inspiré d’autres bibliothèques à en faire de même, principalement dans des pays anglophones. […] L’apparition de fab labs en bibliothèque peut s’expliquer par le fait que ces dernières se devaient de refléter les nouveaux modes d’apprentissages de leur époque pour les démocratiser, les rendre accessibles au plus grand nombre. Les fab labs ont également des principes philosophiques communs avec les bibliothèques, à savoir qu’ils sont des espaces ouverts à tous et liés à l’apprentissage, ce qui concourt à rapprochement naturel de ces deux institutions [7] ».
Apprentissage et expérimentation concrète vont naturellement de pair et mettent l’emphase sur le principe que c’est en mettant la main à la pâte que l’on apprend réellement [8]. Les laboratoires de création incarnent ainsi, tout simplement, une nouvelle déclinaison des moyens et des outils utilisés par les bibliothèques afin de rencontrer leurs missions fondamentales :
S’adapter aux nouvelles façons d’accéder aux connaissances
Développer une offre de services complète et actuelle qui inclut désormais de l’information sur les technologies de pointe, les logiciels et les équipements correspondants, ainsi que les ressources pour les explorer et les exploiter.
Dans cette perspective, les bibliothèques trouvent dans les laboratoires de création une nouvelle expression de la diffusion des connaissances au sens large, et de la culture scientifique en particulier. En créant des lieux d’échange accessibles ouverts à tous, comme le préconise le Massachusetts Institute of Technology (MIT)[9], les bibliothèques remplissent leur mission d’ouverture tout en s’adaptant aux nouvelles réalités[10].
« L’installation de fab labs en bibliothèques constitue le prolongement logique de leur mission de démocratisation du numérique : après avoir fourni aux usagers des ordinateurs et des formations pour apprendre à bien s’en servir, la prochaine étape [est] l’intégration d’un espace de création numérique pour apprendre à se servir de nouveaux équipements. Les fab labs constituent une façon de diffuser de nouvelles compétences sur la culture scientifique [11]. »
Favoriser l’appropriation des technologies
Soutenir le citoyen dans l’acquisition de connaissances et d’aptitudes liées à des technologies qui sont maintenant incontournables, et ce, dans un temps très court, alors qu’une fracture numérique est toujours présente, voire grandissante.
Démocratiser le savoir
Démocratiser l’apprentissage des processus de fabrication pour valoriser l’approche par projets et une utilisation structurée du savoir collectif.
Même si un accès facilité et gratuit à des équipements spécialisés demeure important, la démocratisation du savoir va bien au-delà d’une question d’accessibilité technologique. De fait, c’est l’accès au processus d’apprentissage et à l’accompagnement corollaire qui en est la clé de voûte.
Développer la littératie numérique
Offrir un lieu d’apprentissage où, plus que la maîtrise d’outils précis, c’est la capacité d’apprivoiser une technologie nouvelle et d’apprendre à l’utiliser de manière autonome qui est favorisée.
Favoriser l’innovation et la réalisation de projets
Offrir aux usagers la possibilité de mettre leur créativité à profit dans des projets concrets, innovants et stimulants.
Encourager la socialisation
Tendre vers la notion de bibliothèque comme troisième lieu en stimulant la socialisation autour du partage de connaissances et de la coconstruction des savoirs.
Comme le souligne le récent plan stratégique de la bibliothèque publique de Chicago :
« Libraries have always been, and continue to be, in the knowledge business. That does not, however, mean they have been static and unchanging institutions. Over the years, libraries have evolved to support knowledge creation and dissemination in relevant ways.
[…] To ensure access, we are:
Designing programs, services and collections based on Chicagoans’ evolving needs and interests by efforts that give people access to new technology.
Examples include:
- The Maker Lab, where patrons access 3D design, scanning and fabrication technology.
- Programmable robots, to help kids any age learn computer programming, and can be borrowed from any branch[12]. »
C’est avec justesse qu’en 2017, lors de l’inauguration du Créalab de la bibliothèque Robert-Lussier, la vice-première ministre Lise Thériault a déclaré que « [les] médialabs s’inscrivent dans la vision des bibliothèques du 21e siècle en faisant d’elles des espaces de création, d’innovation et de socialisation accessibles et dotés d‘outils technologiques[13] ».
Le communiqué de presse émis pour l’occasion rappelle que, « [conformément] à la mission promulguée par l’UNESCO, les bibliothèques publiques demeurent, en tout temps, le lieu par excellence à fréquenter pour apprendre tout au long de sa vie, pour s’informer, se cultiver, stimuler sa créativité et s’autoformer. [Les laboratoires de création viennent ainsi soutenir les usagers] dans l’atteinte de leurs objectifs et les inciter à développer des compétences de base leur permettant d’utiliser les technologies et le multimédia dans une perspective de réalisation personnelle, scolaire ou professionnelle[14] ».
Notes
UNESCO, « Manifeste de l’UNESCO sur la bibliothèque publique », UNESCO, 1994, unesdoc.unesco.org/images/0011/001121/112122fo.pdf (consulté le 2 février 2018).
Association pour l’avancement des sciences et des techniques de la documentation (ASTED), Bibliothèque d’aujourd’hui. Lignes directrices pour les bibliothèques publiques du Québec, Montréal, Les Éditions ASTED, 2011, p. 11.
Ville de Montréal, « Fab Labs : l’avenir est dans les bibliothèques », À nous Montréal, 30 août 2017, ville.montreal.qc.ca/anous/articles/fab-labs-lavenir-est-dans-les-bibliotheques (consulté le 4 février 2018).
Gaëlle Bergougnoux, « Un fab lab dans ma bibliothèque », Espace B – Le blogue des Bibliothèques de Montréal, 14 juin 2013, espaceb.bibliomontreal.com/2013/06/14/un-fab-lab-dans-ma-bibliotheque/ (consulté le 3 octobre 2017).
Réseau national de la médiation numérique, « Des FabLabs en bibliothèque : bienvenue dans l’âge du faire », Portail de la médiation numérique, 3 juin 2016, www.mediation-numerique.fr/actualite_des-fablabs-en-bibliotheque--bienvenue-a-lage-du-faire_60.html (consulté le 18 décembre 2017).
Marie D. Martel, « Les Fab labs en bibliothèque : nouveaux tiers lieux de création », Bibliomancienne, 10 octobre 2012, bibliomancienne.com/2012/10/10/les-fab-labs-en-bibliotheque-nouveaux-tiers-lieux-de-creation/ (consulté le 22 octobre 2017).
Anne-Sophie Clerc, « Les fab labs en bibliothèques publiques : des missions entre continuité et innovation », Université de Lyon, janvier 2018, www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/68353-les-fab-labs-en-bibliotheques-publiques-des-missions-entre-continuite-et-innovation.pdf/ (consulté le 9 septembre 2018).
Sierra Lay, « Maker day allows students to showcase creativity », The State News, 2 juillet 2014, statenews.com/article/2014/07/msu-library-hosts-maker-day/ (consulté le 9 septembre 2018).
Massachusetts Institute of Technology, Center for Bits and Atoms, « The Fab Charter », [fab.cba.mit.edu/about/charter/] (consulté le 4 décembre 2018).
Marjolaine Simon, « Fab Lab en bibliothèque – Un nouveau pas vers la refondation du rapport à l’usager? », Bulletin des bibliothèques de France, no 6, juillet 2015, bbf.enssib.fr/matieres-a-penser/fab-lab-en-bibliotheque_66269 (consulté le 25 octobre 2017).
Anne-Sophie Clerc, Op. cit.
Traduction libre : « Les bibliothèques ont toujours été, et sont encore, dans le domaine du savoir. Cela ne signifie pas pour autant qu’elles sont des institutions statiques et immuables. Au fil des ans, elles ont évolué pour soutenir la création et la diffusion des connaissances de façon pertinente.
[...] Pour assurer une pleine accessibilité au savoir, nous :
Concevons des programmes, des services et des collections en fonction de l'évolution des besoins et des intérêts de la population de Chicago, et en déployant des efforts concrets pour assurer l’accès aux nouvelles technologies.
À titre d’exemples :Le Maker Lab, où les usagers ont accès aux technologies de conception, de numérisation et de fabrication en 3D.
Les robots programmables, qui aident les enfants de tous les âges à apprendre la programmation informatique et qui peuvent être empruntés dans chacun de nos établissements. »
Chicago Public Library, « Building the Library of the Future: 2015-2019 Strategy », Chicago Public Library, 2015, www.chipublib.org/wp-content/uploads/sites/3/2016/06/CPL-strategy.pdf (consulté le 15 janvier 2018).
« Repentigny inaugure son Créalab en présence du ministre Luc Fortin – Un lieu consacré aux technologies à la bibliothèque Robert-Lussier », Ville de Repentigny, 20 avril 2017, www.ville.repentigny.qc.ca/communiques/repentigny-inaugure-son-crealab-en-presence-du-min.html (consulté le 12 février 2018).
Ibid.
Une bibliothèque de quatrième lieu
Le concept de troisième lieu est maintenant bien intégré à la philosophie et à la vision des bibliothèques modernes : offrir un espace neutre et convivial, à l’extérieur de la maison, du travail ou des institutions d’enseignement, favorisant la socialisation, l’apprentissage et les débats dans un contexte ludique. Ce concept rencontre de très près la philosophie propre aux différentes déclinaisons des laboratoires de création.
« Si cette dimension [de 3e lieu] a largement été investie par de nombreux établissements qui s’y reconnaissent, d’autres vont aujourd’hui plus loin en évoquant la bibliothèque comme un quatrième lieu, celui de l’apprentissage, qu’il soit physique ou en ligne. Le Fab Lab étant conçu comme un espace d’échanges et d’expérimentation et s’inscrivant dans la culture du « Faire », il pourrait participer à l’entrée significative de la bibliothèque dans cette dimension de quatrième lieu[1].
Cette notion de 4e lieu s’inscrit ainsi avec force dans un concept de « lieu d’apprentissage et d’échange de compétences, de participation et de création[2] » où les usagers ont des profils variés.
Comme le souligne Sue Considine, directrice générale de la Fayetteville Free Library, « les bibliothèques existent pour fournir la possibilité pour les gens de se retrouver pour apprendre, discuter, découvrir, créer. [Le passage d’un lieu de consultation vers un lieu de participation] vient quand les gens ont un accès libre à de l’information puissante et [à des] technologies modernes et avancées[3]».
Notes
Marjolaine Simon, « Fab Lab en bibliothèque – Un nouveau pas vers la refondation du rapport à l’usager? », Bulletin des bibliothèques de France, no 6, juillet 2015, bbf.enssib.fr/matieres-a-penser/fab-lab-en-bibliotheque_66269 (consulté le 25 octobre 2017).
Ibid.
Jessica Reader, « Are maker spaces the future of public libraries? », Shareable, 2011, https://www.shareable.net/blog/are-maker-spaces-the-future-of-public-libraries (consulté le 10 janvier 2018; traduction de Sophie-Anne Clerc, Op. cit).
Croissance et fréquentation
Dès 2014, les rapports annuels du New Media Consortium (NMC) Horizon identifient clairement les laboratoires de création comme l'une des tendances clés à moyen terme (2-3 ans) permettant de faciliter l’appropriation et l’adoption des nouvelles technologies dans le contexte de l'enseignement supérieur[1].
De nombreuses bibliothèques ont donc réaménagé certains de leurs espaces pour faire place à ces nouveaux modes d’apprentissage et d’appropriation. Le livre n’est pas le seul et unique moyen d’acquérir des connaissances : l’apprentissage pratique et l’expérimentation s’y ajoute et constituent bien souvent les stratégies les plus porteuses pour favoriser une intégration de connaissances nouvelles. À la Chattanooga Public Library, près d'un tiers de la collection imprimée a ainsi été élagué pour transformer un étage entier en laboratoire de création. Dans le même ordre d’idée, la bibliothèque de l'Université du Nevada a libéré 1 700 mètres carrés afin d’y aménager un laboratoire de création[2].
Ces laboratoires en bibliothèques ont donné lieu à de nombreuses innovations et prototypages qui ont permis à plusieurs entreprises en démarrage de voler de leurs propres ailes :
“At the Harold Washington Library in Chicago, patrons have developed prototypes for satellite trackers, dental hygiene instruments and guitar parts. Two graduate students used the Fayetteville library to produce a novel model of the brainstem, which they then licensed to a medical equipment manufacturing firm. A Nevada patron is currently negotiating the sale of an original board game with 3D-printed pieces. Others use the space to enhance existing small businesses. For example, a cheesemaker used a Chattanooga 3D-printer to make a logo to stamp onto his wheels of [3].”
En 2009, la Chicago Public Library a mis en place un médialab de 510 m2, portant le nom de YOUmedia, uniquement dédié à la clientèle adolescente. Au départ, ce laboratoire financé par l’Institute of Museum and Library Services, était un projet pilote qui ne devait s’étaler que sur une période test de six mois. Le succès fut cependant instantané, tant aux regards des commentaires des usagers que de la fréquentation qui franchit le cap des 30 000 visiteurs pendant la période test. L’intérêt ainsi confirmé généra même des commandites de grandes entreprises technologiques qui ont permis d’en assurer la pérennité[4] .
Dans le même ordre idée, la Chicago Public Library a inauguré en juillet 2013 son propre makerspace, de 180 mètres carrés, au Harold Washington Library Center. Malgré le fait que l’espace dédié au ce makerspace est restreint, il a accueilli près de 200 850 visites entre son inauguration et décembre 2016[5] .
La présence de laboratoires de création en bibliothèque est en accélération constante. L’offre technologique sous-jacente à ces espaces de création s’arrime en effet parfaitement à la recherche d’un environnement d’apprentissage stimulant et diversifié en bibliothèque permettant notamment de briser la fracture numérique au regard des clientèles qui n’ont pas aisément accès à de telles ressources, soit parce qu’ils n’en ont pas les moyens ou soit parce que l’accès à ces dernières se limite aux institutions d’enseignement.
C’est ainsi que les bibliothèques publiques modernes ne cessent de se distancer de la vision dépassée d’une institution perçue comme avant tout vouée à l’entreposage des connaissances pour plutôt s’orienter vers celle d’un lieu d'apprentissage actif : un lieu où l'information est comprise et appliquée et non seulement recueillie[6].
Notes
F. Wang, W. Wang, S. Wilson & N. Ahmed, « The state of library makerspaces », International Journal of Librarianship, 1(1), 2-16, 2016, https://doi.org/10.23974/ijol.2016.vol1.1.12 (consulté le 12 septembre 2019).
A. Rutkin, « Books out, 3D printers in for reinvented US libraries », New Scientist, 17 juillet 2014, https://www.newscientist.com/article/mg22329784-000-books-out-3d-printers-in-for-reinvented-us-libraries/#.U-0hlkgRb_s (consulté le 12 septembre 2019).
Ibid.
F. Wang, W. Wang, S. Wilson & N. Ahmed, Op. cit.
Chicago Public Library, « 2016 partnership report », 2017, https://d4804za1f1gw.cloudfront.net/wp-content/uploads/sites/3/2018/06/28083006/cpl-cplf-annual-report-2016.pdf https://d4804za1f1gw.cloudfront.net/wp-content/uploads/sites/3/2018/06/28083006/cpl-cplf-annual-report-2016.pdf] (consulté le 12 septembre 2019).
A. Rutkin, Op. cit
Documents
Documentation générale
Communautique, Documentation des usages et processus d’implantation de Fab Lab, de Médialab et de makerspace, dans les institutions culturelles québécoises, octobre 2016, 71 p.
Comité d'idéation du projet Saint-Sulpice, Journée d’étude sur les adolescents — Synthèse des présentations et des discussions, juillet 2016, 11 p.
Fonctionnalités
Médialab
Projets
BAnQ Saint-Sulpice
Bélisle, Jonathan, Recommandations stratégiques : perspectives poétiques et pratiques sur le design des interactions, l’architecture et le parcours expérientiels proposés aux usagers, 2016, 32 p.
Huneault Collaboration et Design, L'Incubateur Saint-Sulpice: une démarche de conception participative, septembre 2016, 170 p.
Comité d'idéation du projet Saint-Sulpice, BAnQ Saint-Sulpice — Un projet de bibliothèque-laboratoire — Rapport final du Comité d’idéation du projet Saint-Sulpice, Montréal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), septembre 2016, 208 p.
Rhizome, Projet Saint-Sulpice — Médialabs, laboratoires d'innovation et de création: État des lieux et prospective, septembre 2016, 117 p.
Le Square Banque Nationale
Bond, Benjamin, Médialab BAnQ — Composantes du volet physique du Médialab, Montréal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), avril 2015, 46 p.
Bond, Benjamin, Médialab BAnQ — Contexte et cadre théorique du Médialab, Montréal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), janvier 2015, 22 p.
Espace temps, Tenue d'un processus de co-création sur la conception d'un médialab à BAnQ, octobre 2014, 66 p.