La chasse-galerie : entre légende, foi et faits divers
Imaginez : c’est la veille du jour de l’An, dans un camp de bûcherons perdu au cœur de la forêt. Ces gars-là veulent à tout prix être auprès de leurs « blondes », mais le chemin est long, la neige profonde, et le temps compté.
Alors, on raconte qu’ils font un pacte avec le diable : leur canot devient volant, fend le ciel et file au-dessus des forêts enneigées. Mais attention : ils ne doivent ni blasphémer, ni toucher un clocher, ni prononcer le nom de Dieu.
S’ils enfreignent une règle… le diable réclame leurs âmes.
Julien, Henri, La chasse-galerie – La dégringolade, illustration de périodique, Le Monde illustré, vol 18, no 922 (28 décembre 1901), p. 567. Bibliothèque nationale (site Rosemont).
Sculpture «La chasse-galerie» par Alfred Laliberté, 1945. Archives nationales à Québec, fonds Ministère de la Culture et des Communications, série Office du film du Québec (E6, S7, SS1, D2, P29403). Photo : Neuville Bazin.
Fête de la Saint-Jean-Baptiste à Québec : La chasse-galerie, char allégorique de la Québec Power, 1943. Archives nationales à Québec, fonds Ministère de la Culture et des Communications, série Office du film du Québec (E6, S7, SS1, D2, P12173). Photo : Herménégilde Lavoie.
Quand la légende devient « fait vécu »
Au tournant du XXᵉ siècle, la chasse-galerie ne se limitait pas aux veillées et aux contes. Dans les journaux et almanachs, on la racontait souvent comme un événement réel.
Des récits de « canots volants » apparaissent dans La Patrie (1908), Le Soleil (1932) et L’Almanach du peuple (1893 et 1898), présentés comme des faits divers survenus dans nos régions. Ces textes nourrissaient l’imaginaire populaire et renforçaient la frontière floue entre réalité, croyance et folklore.